Les fortifications de Thiers – Porte Brancion

Auteur : Charles Lansiaux

1919 / 2019

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80 ans après sa construction, l’enceinte de Thiers est en cours de démolition ! Il faut dire qu’elle n’a pas prouvé son efficacité.  Sur cette photographie du 6 août 1919, prise en direction de Paris, nous voyons les bastions 74 et 75  des fortifications au niveau de la porte Brancion.

Se détachant sur le ciel,  deux bâtiments à gauche et deux à droite sont toujours présents sur le boulevard Lefebvre :

  • le n° 159  (Hotel Clarisse) et  le n° 163 (cachés par les nouveaux immeubles).
  • le n° 169 bis  et le n° 171.

On y voit deux charrettes de foin se dirigeant vers Paris. Elles vont peut-être jusqu’aux abattoirs de Vaugirard, à quelques centaines de mètres dans la rue Brancion.

L’image suivante (Google Maps  Street View) visualise approximativement l’angle de prise de vue choisi par Charles Lansiaux avec les quatre bâtiments sur le boulevard Lefebvre. On y voit les HBM (Habitations à bon marché) construites à l’emplacement de l’enceinte.

janvier 2019 – Porte Brancion – cliquer pour agrandir

Ci-dessous au même endroit, le 15 avril 1920, on voit l’ampleur et l’avancement des travaux. Bientôt l’enceinte et les buttes de terres auront disparu.

Charles Lansiaux - Fortifications Porte Brançion
15 avril 1920 – Porte Brancion – cliquer pour agrandir
L’enceinte de Thiers – bref historique

La construction des fortifications autour de Paris est promulguée par la chambre des députés en 1841, Alphonse Thiers étant président du conseil et Louis Philippe régnant.  Les travaux qui emploient 25 000 ouvriers sont terminés en 1846. On a construit 34 kilomètres de remparts comportant  94 bastions, 51 portes, barrières, ou poternes, 8 passages pour le chemin de fer, 3  passages pour les canaux dont la Bièvre. Une chaussée empierrée de 6 mètres de large – la « rue militaire » – en faisait le tour à l’intérieur.  Elle deviendra en 1861 le  boulevard des Maréchaux après des élargissements successifs. L’enceinte fait 140 mètres de large, avec un glacis inconstructible de 240 mètres. Il y avait également 16 forts avancés (Fort d’Issy, Fort de Vanves , etc…)

L’invasion de 1814-1815 par les autrichiens, les russes et les prussiens était dans les mémoires, et le besoin de protéger Paris amena à cette construction.

Malheureusement la guerre de 1870 ne démontra pas l’utilité de cette enceinte et n’empêcha pas les tirs de canon à longue distance sur Paris.

Les talus gazonnés de l’enceinte devinrent vite des lieux de promenades populaires. Sur la zone inconstructible de 240 mètres en avant de l’enceinte s’installèrent des buvettes, des cirques, des foires, des marchés aux puces, des jardins maraîchers  et des habitations de fortune, tolérés par les militaires. En 1926 on dénombrait 42 300 personnes sur cette « zone ».

En 1919 l’enceinte fut déclassée et sa démolition entreprise après l’expropriation des occupants. C’est cette démolition que le photographe Charles Lansiaux a documentée. Elle dura jusqu’en 1940 et l’on envisageait déjà le doublement du boulevard des Maréchaux. La construction du boulevard périphérique commença en 1960, et les 35 kilomètres furent achevés en 1973. On peut dire que ce boulevard a remplacé l’enceinte de Thiers et qu’il enserre toujours Paris.

Sur les terrains libérés on construisit également de nombreuses HBM (Habitations à bon marché) ancêtre des HLM, des équipements sportifs, la cité universitaire, etc…

Sources :

« Atlas de Paris, Evolution d’un paysage urbain »  de Danielle Chadych et Dominique Leborgne – Editions Parigramme

« Sur les traces des enceintes de Paris » de Renaud Gagneux et Denis Prouvost – photographies de Emmanuel Gaffard – Editions Parigramme

Charles Lansiaux a pris 464 images des fortifications avant leur démolition entre 1919 et 1923 pour le compte de la municipalité de Paris. Vous pouvez les trouver ici : archives.paris.fr