Voyage dans le temps

Nous sommes en 1927 entre Paris et Montrouge, là où se situaient les fortifications de Thiers démolies récemment. Sur cet emplacement, à droite, le grand bâtiment fait partie des nombreux HBM (Habitation à Bon Marché) ou ILM (Immeuble à Loyer Modéré) construits entre les deux guerres (ici entre 1923 et 1928).

En face de nous Paris et la porte d’Orléans. Cette sortie de Paris bien connue des parisiens, débouche sur la commune de Montrouge et la Route Nationale 20 qui mène jusqu’en Espagne pendant 864 kilomètres. On aperçoit à gauche le tramway n° 88 qui desservait Bagneux et Antony à environ 8 km. L’année 1937 marquera la fin du tramway dans Paris et sa banlieue.

La vue est prise depuis l’avenue de la Porte d’Orléans, aux environs du n° 6. La photographie de 2021 est cadrée un peu plus à gauche, car l’alignement des grands arbres et la nouvelle piscine (27 février 2020) empêchaient d’apercevoir les bâtiments de 1927.

De nombreux garages et commerces concernant l’automobile sont installés de part et d’autres.

Une file de voitures venant de Paris, s’arrête au niveau d’un édifice en bois. C’est pour le paiement de l’octroi qui taxe de nombreuses marchandises et alimente le budget des communes. En l’occurrence ici ce sont les marchandises entrant dans Montrouge.

Pendant des siècles, aux portes des villes, les commerçants ont payé l’octroi sur les marchandises entrantes. Toujours en vigueur depuis 1785 après quelques interruptions, il sera abandonné en 1935, et aboli par une loi en 1943. Le flot des voitures augmentant sans cesse y est sûrement pour quelque chose.

Dans la délibération du conseil municipal de la ville de Paris en 1927, on aborde le sujet de ces « baraques en bois » installées pour l’octroi, après la démolition des fortifications.

Extrait : Bulletin du municipal officiel de la Ville de Paris du 26 décembre 1927, page 5529 ; Gallica

M. Levillain. — Provisoirement, ce ne sont que des baraques en bois.
M. Paul Fleurot. — C’est un provisoire qui durera peut-être très longtemps. Je me permets, Messieurs, d’insister sur ce point et d’appeler l’attention du Conseil municipal.
L’incorporation des terrains de la zone dans le territoire de la Ville de Paris a nécessité le déplacement de la ceinture d’octroi. Les bureaux ont dû être reportés plus loin ; c’est ce travail dont on a commencé l’exécution.
Si l’octroi doit fonctionner indéfiniment, rien à dire, mais, si l’Octroi doit disparaître, il n’est pas nécessaire de faire des constructions solides, comme on le fait à certaines Portes de Paris.
A la porte d’Orléans, par exemple, on a déplacé les bureaux de l’Octroi ; on l’a reporté à plusieurs centaines de mètres sur les terrains de l’ancienne zone. Non seulement on a déplacé le poste d’octroi, en ce qui concerne la Ville de Paris, mais on a été obligé de déplacer aussi celui de la commune de Montrouge.
Or, c’est la Ville de Paris qui paiera les frais pour les deux opérations, car ce n’est pas la commune de Montrouge qui a demandé le déplacement.

M. le Directeur de l’Octroi. — Je vous demande pardon, il a été convenu qu’elle paierait avec la Ville de Paris, proportionnellement à la surface occupée.

M. Paul Fleurot. — La commune de Montrouge peut répondre que ce n’est pas elle qui a demandé ce déplacement de l’Octroi. … / …

Ci-dessous une vue prise en 1920, sept ans avant, par Charles Lansiaux chargé par la ville de Paris de photographier toutes les fortifications avant leur démolition. Elle est prise pratiquement au même endroit. Le changement a été rapide, en 1927, les 2 bastions de la porte d’Orléans ont disparus, et les nouveaux bâtiments sont construits.