Auteur : Charles Marville
1877 / 2021
Nous sommes au n° 3 de l’avenue de l’Opéra, comme l’indiquent les plaques sur la boutique de gauche. La première rue à gauche est la rue de l’Echelle. Le seul point commun aux deux photographies est le coin du bâtiment de gauche déjà construit à partir de 1864.
L’axe du trottoir (qui a été rétréci) correspond à l’orientation de l’avenue de l’Opéra actuelle.
Extrait du commentaire historique lié à cette photographie :
Trois jeunes arbres ont été plantés sur le trottoir de cet immeuble. Un chien est visible sur le trottoir. Un bureau provisoire en bois porte l’inscription « MENOT Aîné Entreprise DEMOLITION / 111 rue de Charenton 111 / BUREAU de DEMOLITION Rue des MOULINS 16 ». A droite, une charrette à bras est placée près d’un tas de terre et de cabanons en bois. Des publicités, sur lesquelles on peut lire « DEUXIEME EDITION / VERTU / GUSTAVE BOULANGER » et « ADJUDICATION […] sont collées sur l’un d’eux.
Au centre, de nombreux chevaux sont attelés à des charrettes. Un grand nombre d’ouvriers, de contremaîtres et d’ingénieurs posent sur la butte, les gravats et les toits des immeubles en démolition. Au centre, à droite, des ingénieurs se tiennent près d’un astrolabe et des ouvriers tendent un câble.
Un autre point de vue :
La photographie ci-dessous, de Pierre Emonts, est prise dans le sens inverse nord-sud depuis le sommet de la butte des Moulins. On aperçoit au fond à gauche les colonnades de la Comédie Française et devant, la Fontaine du Théâtre-Français, sur l’actuelle place André Malraux.
Le point de repère commun aux deux photographies est le lampadaire suspendu au coin du magasin « Aux palmiers » , au centre. On le retrouve sur la photographie de Marville à l’extrême gauche.
La butte des Moulins
A l’origine il y avait deux buttes : la butte des Moulins et la butte Saint-Roch. Ce n’était pas des buttes naturelles, mais elles étaient constituées de terre, de gravats, et d’immondices. Elles furent ensuite confondues. Le nom de butte des Moulins subsista. Elle fut partiellement arasée vers 1615. Puis des constructions s’y implantèrent. Une portion de la rue des Moulins a survécu aux travaux d’Haussmann.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Butte_des_Moulins
Livre : Histoire de la butte des Moulins, 1877, par Edouard Fournier https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6386162f/f22.item
L’avenue de l’Opéra
Le projet de l’avenue de l’Opéra (avenue Napoléon à l’origine) a été initié par Haussmann en 1853 et s’est achevé en 1879. Il s’agissait de relier l’avenue de Rivoli depuis le Louvre et le Théâtre Français jusqu’au croisement du Boulevard et de la rue de la Paix. Un autre but était l’assainissement du quartier insalubre implanté sur la butte des Moulins. La pose de la première pierre du théâtre de l’Opéra a lieu en en 1862. Les travaux concrets pour l’avenue, commencent en 1864 par les deux extrémités : depuis l’Opéra jusqu’à la rue Louis-le-Grand (photographie suivante) , et depuis le Louvre jusqu’à la rue Saint-Anne.
On en restera là jusqu’en 1876 où les travaux reprennent enfin à un train d’enfer : à la fin de l’année, les 168 maisons expropriées sont démolies. Le projet initial de façades uniformes comme sur l’avenue de Rivoli est abandonné.
Les arbres d’alignement déjà plantés sur les 2 tronçons initiaux (comme on les voit sur la photographie de Marville) seront supprimés pour garantir la perspective sur la façade de l’Opéra.
L’avenue est inaugurée par le président de la République Mac-Mahon, le 21 septembre 1876. Les derniers immeubles seront construits en 1879.
Source :
Paris-Haussmann : Le pari d’Haussmann
Conception : Jean des Cars et Pierre Pinon
Coédition : le Pavillon de l’Arsenal et les éditions Picard