rue Saint-Médard

Auteur : UPF

1898 / 2019

1898,UPF,rue Saint-Médard,21, rue Saint-Médard,Paris,France2019, ibidem.xyz ,rue Saint-Médard,21, rue Saint-Médard,Paris,France

Sur cette boutique « Buvette de 1729 »  « Épiceries / Vins / Comestibles » tous les tarifs sont affichés sur les murs. Surtout ceux des boissons ! Et il y en a pour tous les goûts :

Vin de pur vendange ; Le litre 50 centimes ; 26 pour 25 ; Corbières 60 centimes ; Fronton 70 centimes ; Vin blanc 80 centimes ; Excellent rhum 2 francs ; Fin marc 2 francs ; Madère Malaga 2 francs ;Tous les matins lait chaud au rhum 15 centimes ; Café 15 centimes ; Rhum 10 centimes ; Absinthe supérieure 15 centimes ; etc …

Elle est située à l’angle de la rue Saint-Médard (n° 21 ou n° 23 sur la photographie ancienne) et de la rue Mouffetard (n° 39 sur l’ancien cadastre) . La photographie a été prise au mois d’avril 1898 comme écrit sur le bord du trottoir.

Un personnage au premier plan, se tient au mur et à sa canne ; c’est peut-être le patron ou un client qui a profité des tarifs avantageux…

Sur la photographie moderne, le bâtiment du coin a été refait. L’immeuble suivant, le plus à droite sur la photographie ancienne est le même. On le repère à la disposition des fenêtres. La lucarne cintrée sur le toit est toujours là.

Le rue Mouffetard était réputée pour ses nombreux débits de boisson. Voici un extrait du livre « L’arbre et l’eau » de 1912 page 164, compte-rendu du 6ème congrès de la société Gay-Lussac à Montluçon  :

« L’alcool fait le lit de la tuberculose» a dit le professeur Landouzy, constatant que sur 252 phtysiques hospitalisés, 180 étaient alcooliques.

Si parfois il vous arrive de traverser le quartier Mouffetard, véritable ghetto de la colonie limousine, il vous suffira de jeter un coup d’œil de droite et de gauche pour découvrir toute l’intensité d’une autre grande plaie de nos malheureux compatriotes « l’alcoolisme ».

De chaque côté de la rue presque à chaque maison il y a un « marchand de vin ».

Et tous les types de débits sont là, depuis le bouge, le cabaret borgne, où l’on boit sur des tonneaux et où dans une arrière boutique les miséreux couchent « à la corde » jusqu’au « zinc » et au « bar » dont le vaste comptoir nickelé, les faux marbres et l’immense phonographe sont là pour attirer le client par un luxe de mauvais aloi (1).

Partout des réclames attirantes auxquelles notre maçon succombera bien facilement « Vins de propriétaire » (? !). « Poule au gibier au billard et à la manille» ! Sans compter ces fameux appareils dits automatiques, qui moyennant beaucoup de deux sous et de l’adresse, vous font espérer une consommation de 20 centimes. Encore une riche trouvaille celle-là pour vider le porte-monnaie de l’ouvrier et encourager l’alcoolisme !

(1) De l’avis de tous les médecins que j’ai interrogés, l’augmentation en Limousin de la mortalité par la tuberculose aurait cette cause comme une des principales.

(1) Nous croyons intéressant pour le lecteur de mettre ici le relevé des débits dans certaines rues du Ve. Dans ces chiffres sont compris les épiciers vendant du vin et des alcools.

La rue Mouffetard, 605 mètres de long, possède 9 bars, 55 débits de vin, et 11 épiciers vendant du vin pour 136 maisons.

Source BNF : Gallica